Seine & Danube célèbre la Roumanie au Salon du Livre
D'ordinaire, nous publions dans nos éditions de Seine&Danube des traductions inédites. Notre revue est la vitrine de notre travail mené dans l'ombre... Jusqu'au jour où les textes ont la chance d'être publiés par un éditeur français.
Du vendredi 22 au lundi 25 mars, la Roumanie est à l'honneur au Salon du Livre. Nous avons la grande joie, nous, les traducteurs de roumain, d'accueillir à Paris les auteurs qui nous ont réjoui dans l'intimité de notre travail, quand nous étions encore, égoistement, les seuls à profiter de leurs textes.
Que pouvons-nous à présent vous suggérer de mieux que de faire connaissance avec les 27 écrivains invités?
Parmi eux figurent 16 romanciers, dont 2 sont des auteurs de la francophonie roumaine encore vivace, et ils sont suivis par leurs éditeurs français depuis plusieurs années. Marius Daniel Popescu (La Symphonie du Loup et Les couleurs de l'hirondelle) vit et écrit en français à Lausanne. Il est édité par José Corti. Dumitru Tsepeneag, le président de notre association de traducteurs de littérature roumaine est le romancier que l'on connaît. P.O.L. le suit depuis de longues années (Le Camion bulgare est son dernier roman en date).
Ecrivains dans leur langue et traduits en français, quelques autres romanciers déjà reconnus en France : Gabriela Adameşteanu, dont la fresque sociale et psychologique Une matinée perdue est rééditée tandis que la romancière signe un roman consacré au couple (Situation provisoire) ; Mircea Cărtărescu : la France est un des premiers pays (à concurrence avec la Suède qui a finit le cycle quelques mois avant nous: chapeau bas à notre consoeur Inger Johansson) à avoir déjà traduit les trois volumes de son chef d’œuvre qui engrange les prix à l’étranger (Orbitor, L’œil en feu et L’Aile tatouée) ; Norman Manea, Médicis Étranger en 2006 et dont le recueil La Cinquième impossibilité vient de sortir ; Dan Lungu (Je suis une vieille coco !), écrivain dont les lecteurs apprécient partout en Europe, et en France également, l’humour et l’empathie pour les petites gens… Il y a Florina Ilis dont La Croisade des enfants a reçu le prix de Courrier international et Eugen Uricaru dont un deuxième roman, La Soumission, paraît également ces jours-ci chez Noir sur blanc...
Ce coup de projecteur sur une littérature assez mal connue permet aussi de découvrir d'un seul coup 8 romanciers nouvellement traduits.
Varujan Vosganian (Le Livre des chuchotements) fait le portrait poignant de ses deux grand-pères arméniens tandis qu’Adina Rosetti (Deadline) dénonce l’ultra individualisme et la société du blog. Petru Cimpoeşu (Siméon l’Ascenseurite), Bogdan Suceava (Il venait du temps dièse) et Razvan Rădulescu (La Vie et les agissements d’Ilie Cazane) nous entraînent dans le tourbillon d’une société certes ancrée en Europe mais pleine de surprise. Lucian Dan Teodorovici et son marionnettiste (L’Histoire de Bruno Matei) évoquent le goulag roumain tandis que Savatie Baştovoi et son petit Sacha (Les Lapins ne meurent pas) détricotent la propagande soviétique....
La sélection contient aussi 4 essayistes de marque. Andrei Oişteanu (Les Images du Juif : cliqhés antisémites dans la culture roumaine. Une approche comparative), Andrei Pleşu (Actualité des anges), Gabriel Liiceanu (De la limite) et Lucian Boia dont Les pièges de l'histoire vient de parâitre aux Belles Lettres...
Le pays où Eugen Ionesco a commencé à écrire nous donne aujourd'hui encore de grands dramaturges. Matei Visniec est l'un d'eux (Monsieur K. liberé). Les femmes offrent quant à elle un discours véridique et frais: Alina Nelega (Amalia respire profondément) et Nicoleta Esinencu (Fuck you Eu.ro.pa!). Ces deux femmes ont un discours pas commode - mais comme cela fait du bien, d'être un peu bousculé!
La Roumanie n'est pas encore une terre de BD et encore moins de roman graphique. Nous y avons tout de même trouvé deux très jeunes auteurs. Ileana Surducan (Le Cirque - histoire d'un dompteur de chaise) travaille déja pour des maisons françaises, car c'est là qu'elle trouve où s'exprimer. Elle le fait en français, avec charme. Alex Tamba, quant à lui, commence son chemin. Il signe le dessin de Sidi Bouzid Kids tandis que ses albums - une exception dans le paysage éditorial de ce pays- attendent un éditeur français.
Enfin, il ne fallait pas oublier que la poésie est le poumon de la littérature roumaine : c'est par là qu'elle crée le monde et qu'elle respire. Doina Ioanid (La demoiselle de massepain) et Ana Blandiana (une oeuvre poétique très large et un recueil de nouvelles qui vient de sortir : Les Saisons) illustrent ce genre majeur en Roumanie.
Les lecteurs de notre revue observeront par eux-mêmes que bien évidemment la littérature roumaine ne se limite pas à 27 écrivains. Nous pourrions tous - cela ferait l'objet d'un beau défi sur les réseaux sociaux! - dresser une liste des écrivains que nous aimerions voir traduits en français.
Chacun d'entre eux mérite d'être connu véritablement, c'est-à-dire suivi: une vraie conversation se doit d'être entretenue. Nos deux cultures méritent cela. Les écrivains roumains souffrent presque tous de notre superficialité. Cela ne leur permet pas de s'ancrer dans le paysage de la littérature étrangère en France. Nous espérons un changement.
Mais pour l'instant, place à la joie de la découverte. Seine & Danube a le grand plaisir de vous offrir un bel extrait de l'écriture de chacun des auteurs. Notre revue est aujourd'hui le seul lieu offrant le programme intégral et clair de chacun des 27 auteurs ainsi que la couverture de leurs livres. Nous publierons dans les prochains jours leur programme de dédicaces.
Toute l'équipe des traducteurs de Seine & Danube vous souhaite d'excellentes rencontres avec les écrivains roumains d'aujourd'hui.
Laure Hinckel
Directrice de la publication
Pour retrouver les auteurs :
Le Pavillon roumain est en R78.
L'Agora du CNL et le Salon littéraire, sont juste à côté, en N84.
Le Stand de l'Institut Français est presque en face, en U70.
La Scène des auteurs est en Z82.
La Grande scène est en Z1.
La P'tite scène est en U10.